Retour sur une semaine de stage avec Stéphane Lavoué – Jour 1

Introspection rétrospective, retour sur le premier jour de stage avec Stéphane Lavoué.
J’ai posé mes bagages hier soir à la « Chambre close » et je me réveille pour la première fois dans la cité arlésienne. Nous avons rendez-vous à la Maison des stages pour notre première journée d’apprentissage. Sac au dos, je pars à la rencontre de mes futurs compagnons d’aventure avec une certaine appréhension. Appareil photo, check, chargeur, check, cartes mémoire, check.
J’arrive à la Maison des stages, une vieille bâtisse délabrée qui se situe aux abords des Arènes d’Arles. Retour à la vie estudiantine, j’accroche soigneusement mon badge et rejoins mes petits camarades qui papotent déjà autour d’un café. Mais ce n’est pas le moment de traîner, on grimpe assez rapidement au dernier étage de l’école où nous attend notre salle de classe, qui ressemblera bien vite à une fourmilière animée.
Contrairement au descriptif du cours, la première matinée sera consacrée à l’étude des tirages des participants, dont la plupart sont déjà photographes professionnels.
Michel, affectueusement surnommé « wiwiwi », présente ses clichés réalisés à la chambre en terres outre-altantiques tandis que Maricka expose fièrement sa surexposition maladive. Florence cavale entre chevaux et dressage, Fannie gravit des montagnes, Johanna voyage aux côtés de son compagnon et les professionnels du groupe présentent certains leurs livres, d’autres leur site Internet. Benoît, qui a souvent beaucoup de choses à dire sur à peu près tous les sujets, est rapidement interrompu par Stéphane Lavoué, « on ne va pas tout regarder, sinon on en a pour la journée ». Dieu soit loué.
© Happinews Therapy
L’angoisse grandit petit à petit, tandis que l’espace dans ma gorge se rétrécit. Quand arrive mon tour, quelques mots parviennent toutefois à franchir mes lèvres: « Je n’ai pas de tirages, je ne sais pas faire de photos ». Comme un air de déjà vu, je me revois, à quatre ans, devant cette caméra qui me fige, dans le désordre. De toutes les façons, je ne suis pas sûre que les gens dans cette salle puissent me comprendre tant il m’a semblé les entendre parler chinois toute la matinée. Une question tourne en boucle dans ma tête: « Mais pourquoi suis-je là? ».
Et ce n’est pas le programme de l’après-midi qui va arranger mon état. Place maintenant au grand maître du portrait: Stéphane Lavoué. On tire les rideaux, peut-être pour s’imprégner de l’univers quasi inquiétant du photographe. Les images défilent sur un mur, qui fût surement blanc à sa construction et dont les imperfections déforment les images parfaites de Stéphane. Exclamations, admiration. Mes compagnons enchaînent les termes techniques. Du réflecteur au flash, en passant par le « diaph » et autres mots barbares, ils pressent le photographe pour qu’il dévoile ses secrets. Mais le personnage n’est pas du genre loquace.
De mon côté, dans cette salle glaciale, je lutte contre le sommeil. J’envoie rapidement un texto: « Dommage que l’ennui ne tue pas ». Histoire de désigner les coupables au cas où je venais par chance à succomber à cette journée.
© Stéphane Lavoué
Presque espéré, le coup de grâce arrive enfin. Alors que nous n’avons pas sorti nos appareils, cartes mémoire et autres accessoires prétendument indispensables de toute la journée, une jeune fille – beaucoup trop souriante pour les circonstances – débarque dans la salle de cours armée de deux énormes classeurs. Elle tourne rapidement les pages, énonce diverses professions et lieux dont j’ignore où ils se trouvent, puis assène « choisissez un sujet, ils attendent que vous leur tiriez le portrait! ».
Devant mon air décontenancé, Stéphane Lavoué s’adresse enfin à moi. Sa patience a vraisemblablement une durée limitée à quelques secondes et je comprends qu’il faut rapidement lui faire comprendre que je suis totalement larguée. Je lui explique qu’il me semble difficile de photographier des gens sans avoir appris ne serait-ce qu’à allumer mon appareil photo. Il me rétorque, « vas te promener, tu n’as qu’à faire des photos avec ton iPhone ». Pour la pédagogie, on repassera.
Alors que je sens les larmes monter, je décide donc de quitter la Maison des stages et pars errer dans les ruelles d’Arles. Ses couleurs pastel ne parviennent pas à m’apaiser et je m’écroule sur les marches des Arènes.
Intéressé par un stage des Rencontres d’Arles, c’est par ici: https://www.rencontres-arles.com/fr/stages-photofolio/